je n’arrive pas à faire
comme dans les livres arlequins
parce qu’il y avait tes chansons
qui berçaient les cadavres
tqs dans le noir
te faisait penser à l’éclat de la lune
tu hurlais tellement fort
entre le mur et le lit
pour que j’y dorme mieux
vaincre la peur de l’enfer
l’enfer
pire qu’être ici
célébrer des messes basses
pour te donner raison
pour te raconter
oh combien la vie est une salope
de nous avoir attachés l’un à l’autre
j’ai le fjord à la nage et je fonce comme une folle
je vaincrai les glaces
apaiserai la houle
ferai trois fois l’amour dans ses profondeurs
j’arriverai de l’autre bord avec un air de fête
et mes années noires dans un paquet trempé
tu pourras courir jusque dans le nord
j’ai du souffle en masse
j’ai du sang de chacal
du sang de chacal malade qui t’a déjà appartenu
Erika Soucy, « Je n’arrive pas à faire... », Cochonner le plancher quand la terre est rouge, Éditions Trois-Pistoles, 2010.